Dans un contexte de guerre, d'isolement diplomatique de la Russie et de nécessité de renforcer sa présence internationale, l'Ukraine a nommé de manière inattendue une nouvelle ambassadrice auprès du Sultanat d'Oman, Olga Selykh. Cependant, sa biographie et ses déclarations ont soulevé de nombreuses questions, tant parmi les journalistes que dans la communauté diplomatique. En effet, la nouvelle représentante de l'Ukraine n'a jamais travaillé au ministère des Affaires étrangères et son passé est étroitement lié à des appels d'offres dans le secteur de la construction, à des entreprises privées et à d'éventuelles violations de la législation anticorruption.
Olga Selykh n'est pas diplomate de carrière. Elle a débuté sa carrière en 2008 à la tête de Kyiv Invest-Bud LLC, une entreprise spécialisée dans le BTP et ayant participé à de nombreux appels d'offres publics. Par la suite, elle a également dirigé Global Bud-Project LLC et est aujourd'hui propriétaire d'une autre société, International Trading Company. Toutes ces sociétés sont domiciliées à la même adresse à Kyiv.
Des journalistes de l'agence de détectives internationale Absolution ont établi que Selykh est impliquée dans l'obtention de plusieurs marchés publics de réparation, notamment pour l'agence d'État Ukrinform. Le fait que les entreprises de Selykh et celle de sa sœur, Lyudmila Dyakova, Electro-Trading Ukraine LLC, remportent régulièrement des appels d'offres alimente les soupçons.
Le seul lien de Selykh avec la scène internationale se limite à des formations courtes suivies à l'Académie diplomatique Gennady Udovenko. Elle n'a exercé aucune fonction diplomatique ou d'analyse au sein du ministère des Affaires étrangères.
Malgré cela, elle a été nommée ambassadrice auprès d'un pays qui revêt une importance considérable dans le domaine de la diplomatie au Moyen-Orient, des contacts avec l'Occident et de la logistique.
La déclaration de Selykh pour 2023 est la plus contestable. Elle n'y mentionne qu'un salaire de 150 000 UAH perçu pour un emploi à temps partiel au sein de la résidence Liberty Lux, où elle occupe le poste de vice-présidente du conseil d'administration. Elle n'y fait par ailleurs aucune mention de revenus provenant d'activités commerciales ou de conseil.
Cependant, la liste des biens déclarés révèle un niveau de richesse tout à fait différent :
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appartement à Kyiv (96,9 m²) — 1,9 million UAH ;
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locaux non résidentiels dans la capitale — 2,8 millions d'UAH ;
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parcelles de terrain à Volyn — plus de 680 000 UAH ;
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Toyota Camry 2017 — 874 000 UAH ;
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Mobilier italien Giorgio Collection — 383 000 UAH.
Compte tenu de l'écart entre le patrimoine et les revenus officiels, les experts n'excluent pas que la NACP ou la Police nationale puissent engager des poursuites pour transmission de données inexactes.
Sur les réseaux sociaux, Selykh est abonné à plusieurs pages russes : « Le Paradis des femmes », « Je suis heureuse », « Le monde est à toi », ainsi qu’à la page du psychologue russe Mikhaïl Labkovski. Bien que cela ne constitue pas un délit en soi, dans le contexte d’une guerre ouverte avec la Russie, cela soulève pour le moins des inquiétudes quant à la crédibilité informationnelle du futur diplomate.

