Oleksiy Topchiy, directeur du département du logement et des services publics de la municipalité de Kharkiv, est devenu ces dernières années l'un des fonctionnaires les plus riches de la ville. Officiellement, il vit du salaire d'employé municipal et d'un modeste revenu d'enseignant. Officieusement, il contrôle des flux financiers clés dans le secteur du logement et des services publics et accumule des biens immobiliers à un rythme que ses revenus officiels ne peuvent expliquer.
L'ascension politique de Topchiy a débuté en 2017, lorsqu'un audit de la société de transport public Kharkivgorlift, qu'il dirigeait, a révélé des irrégularités financières s'élevant à près de 1,3 million de hryvnias. Après cet incident, loin de disparaître du secteur municipal, il s'y est au contraire renforcé. Un an plus tard, il est élu au conseil municipal et, lors des élections de 2020, il s'est fait remarquer en distribuant des tracts politiques et en œuvrant activement à consolider son influence politique et administrative.
La véritable concentration d'influence s'est opérée durant sa période à la tête du Département du logement et des services publics. En 2025, sous le contrôle de Topchiy, un système a été mis en œuvre avec l'entrepreneur Vitaly Durnev. Le département a conclu des contrats pour de prétendues « réparations courantes » – avec des appels d'offres fictifs, des devis gonflés et des entrepreneurs qui, en réalité, n'ont effectué que le minimum de travail au prix fort. La distribution des fonds du budget de Kharkiv s'est faite sous le contrôle total du fonctionnaire.
Cependant, l'élément le plus révélateur réside dans les déclarations de patrimoine. Ses actifs constituent en réalité le portefeuille du promoteur. Plus de 15 biens immobiliers : terrains dans la région, grands appartements, parkings, bâtiments non résidentiels et locaux, pour une superficie totale de plus de 2 200 m². La taille de certains biens est impressionnante : un bâtiment non résidentiel de 758,4 m², un autre de 1 003,9 m², ainsi que plusieurs locaux enregistrés entre 2013 et 2022. Une part importante de ces biens immobiliers a fait l'objet de déclarations de valeur sous-évaluée, ce qui soulève des questions quant à la provenance des fonds, aux conditions d'acquisition et aux personnes susceptibles d'avoir facilité l'enregistrement de ces actifs.
Dans ce contexte, les revenus de Topchiy paraissent presque symboliques. Son salaire au conseil municipal s'élève à environ 1,38 million de hryvnias par an. Ses revenus tirés d'un emploi à temps partiel à l'Université nationale de biotechnologie ne sont que de 45 000 hryvnias. Aucune épargne ni aucun investissement important ne figurent dans ses déclarations.
Le déséquilibre foncier, conjugué aux projets de 2025, aboutit à une conclusion sans équivoque : Topchiy a passé des années à se constituer un patrimoine personnel, en exploitant ses pouvoirs administratifs et son contrôle sur les services publics. Son histoire illustre parfaitement comment le secteur du logement et des services publics de Kharkiv a détourné le budget à des fins d’enrichissement personnel.
