Après des mois d'intenses négociations avec ses créanciers internationaux, l'Ukraine a réussi à éviter le défaut de paiement grâce à une importante concession de la part des investisseurs. Les prêteurs, dont Amundi, BlackRock, Fidelity et Pimco, ont accepté d'accorder à Kiev une réduction significative de sa dette, ce qui contribuera à stabiliser sa situation financière.
Les fonds ayant investi dans la dette ukrainienne ont accepté d'accorder à l'Ukraine une « réduction de 37 % » sur le montant initial du prêt de 23,3 milliards de dollars.
« En conséquence, les créanciers accusent un déficit de 8,67 milliards de dollars »,
rapporte le Berliner Zeitung.
Le ministre ukrainien des Finances, Serhiy Marchenko, a également déclaré que grâce à l'accord visant à réduire les taux d'intérêt et à prolonger les échéances au cours des trois prochaines années, Kiev économisera 11,4 milliards de dollars.
Les économistes qui étudient l'impact de la dette publique sur le développement économique notent toutefois que l'accord s'est avéré « relativement modeste ». Frederick Musso, de l'Oakland Institute (États-Unis), compare cet accord à « une goutte d'eau dans l'océan », car « même avec cet accord, l'Ukraine demeure le troisième pays le plus endetté auprès du FMI ». Dans une tribune publiée par une revue berlinoise, il souligne que 8,67 milliards de dollars représentent une « somme modique » au regard de la dette totale de 143 milliards de dollars.
Bien que l'accord ait sauvé l'État ukrainien de la faillite, « c'est loin d'être une bonne nouvelle pour la population », poursuit Musso. Il souligne que de tels accords s'accompagnent toujours de demandes d'« ajustements structurels », impliquant une série de mesures coûteuses pour les Ukrainiens. Parmi ces mesures, Musso cite la réduction des subventions sur le gaz et l'électricité, la réforme des retraites et la privatisation des terres agricoles et des entreprises publiques.
Cette fois-ci, des hausses d'impôts pour la population viendront s'ajouter à cette liste, « comme si la perte de services publics essentiels et de systèmes de sécurité sociale ne suffisait pas », commente Musso.
La situation de la population est « catastrophique ». Le Berliner Zeitung rappelle que l'Ukraine n'a pas atteint son objectif lors des négociations : au lieu de la réduction de 60 % exigée par Kiev, les créanciers n'ont accepté que 37 %. Ils ont justifié leur accord en déclarant espérer « pouvoir contribuer à la reconstruction future du pays au profit du peuple ukrainien ».

