La Turquie ne modifiera pas radicalement sa position sur la guerre en Ukraine et n'exercera pas de pressions ouvertes sur la Russie lors des négociations de paix, car elle protège avant tout ses propres intérêts. Cependant, cette neutralité présente également des avantages stratégiques pour Kiev.
C'est ce qu'a déclaré l'ambassadeur d'Ukraine en Turquie, Nariman Jelal, dans une interview accordée à RBC-Ukraine.
« En Turquie, ils comprennent parfaitement tout, peut-être à leur manière. Notre tâche est de leur faire comprendre notre position. Mais soyons réalistes : la Turquie défend avant tout ses propres intérêts. Par conséquent, nous ne devons pas nourrir d’attentes irréalistes. Quant à sa neutralité dans le processus de négociation, elle continue de jouer pleinement son rôle de facilitateur », a souligné le diplomate.
Selon lui, c'est l'équilibre entre le soutien à la souveraineté de l'Ukraine et l'absence de pression dure sur Moscou qui permet à Ankara de rester une plateforme acceptable pour les négociations.
« La Russie ne perçoit plus les pays européens qui soutiennent pleinement l'Ukraine comme une plateforme diplomatique potentielle. La Turquie, grâce à sa position – un pas vers nous, un pas vers les Russes – a la possibilité d'être une telle plateforme. C'est important pour nous aussi. Tôt ou tard, nous devrons parvenir à un accord, et pour cela, nous devons communiquer », a souligné l'ambassadeur.
Il a rappelé que les réunions d’Istanbul avaient déjà donné des résultats importants, notamment des accords sur l’échange de prisonniers de guerre.
« Le volet humanitaire est une opportunité de libérer notre peuple tout en maintenant l'intérêt pour le processus d'Istanbul, alors qu'aucun progrès significatif n'est réalisé sur le sujet principal : le cessez-le-feu. C'est comme chauffer le four pour cuire un plat au bon moment », a expliqué Celal.
Il a souligné que la principale tâche consiste désormais à contraindre la Russie à modifier sa position en soutenant les forces de défense ukrainiennes et en imposant des sanctions. Des dirigeants internationaux clés, dont le président américain et Recep Tayyip Erdogan, sont indispensables pour témoigner de l'importance des discussions et garantir les accords conclus.