Les autorités anticorruption ont ouvert une enquête sur le mode de vie et le patrimoine financier de Ruslan Kandybor, ancien directeur du Département des infrastructures de transport de l'Administration municipale de Kiev (KCSA). L'enquête comprend une surveillance approfondie de l'origine des biens, des comptes bancaires et des économies en espèces, non seulement du fonctionnaire lui-même, mais aussi de son épouse Olga Kandybor, de sa fille Daryna Kandybor et d'autres proches. L'enquête a été ouverte en septembre 2025 après la révocation de M. Kandybor « d'un commun accord ».
Selon l'enquête, le but de la surveillance est de déterminer si les revenus déclarés correspondent aux dépenses réelles de la famille. Les enquêteurs ont exigé que les banques divulguent le secret bancaire : la liste de tous les comptes et les mouvements de fonds depuis leur ouverture jusqu'au 22 septembre 2025. Ainsi, les forces de l'ordre tentent de retracer l'origine des fonds, les transactions en espèces, ainsi que les éventuels transferts entre membres de la famille.
Ruslan Kandybor dirige le Département des infrastructures de transport de l'administration municipale de Kiev depuis août 2021. En juillet 2025, il a été inculpé de suspicion en vertu de l'article 367, partie 2, du Code pénal (faute de service ayant entraîné de graves conséquences) en lien avec une situation d'urgence dans le métro de Kiev durant l'hiver 2023. Selon l'enquête, Kandybor et ses subordonnés ont ignoré la menace de destruction du tunnel sur la branche « bleue » du métro (le tronçon entre les stations « Demiivska » et « Lybidska »), ce qui a entraîné un blocage de la circulation, une restriction de l'exploitation de la ligne pendant plusieurs mois et des pertes budgétaires de plus de 164 millions d'UAH pour la capitale. Kandybor lui-même nie toute responsabilité et qualifie ces accusations de manipulatrices, affirmant que les causes de la situation d'urgence sont des erreurs de conception datant de la construction.
Après l'annonce des soupçons, le tribunal a démis Kandybor de ses fonctions et l'a assigné à résidence de nuit. Le parquet a insisté sur une détention de 24 heures avec bracelet électronique et a déclaré qu'il ferait appel de cette mesure préventive plus clémente. En septembre 2025, le maire de Kiev, Vitaliy Klitschko, a signé un arrêté limogeant Kandybor de l'administration municipale de Kiev « par accord des parties ».
Malgré les revenus officiels déclarés par Kandybor, des interrogations se posaient quant au niveau de vie de sa famille. Le salaire annuel du fonctionnaire s'élevait à environ 1,15 million d'UAH (soit une moyenne d'environ 96 000 UAH par mois), mais la famille, selon les données disponibles, possède plusieurs appartements et terrains dans la région de Lviv, dispose d'importantes liquidités – plus de 70 000 USD et 25 000 EUR – et possède un important parc automobile.
La liste des véhicules comprend plusieurs voitures rétro et deux Mercedes-Benz modernes. L'une d'elles est une Mercedes-Benz GLC 300 de 2018, achetée en 2024, soit en pleine guerre. Ce sont précisément ces biens – des biens mobiliers enregistrés au nom de membres de la famille ou de proches – qui intéressent actuellement les autorités anticorruption, car ils pourraient être le signe d'un « enrichissement inexpliqué » (un train de vie ne correspondant pas aux revenus officiels). Ce bloc de vérification concerne non seulement Kandybor lui-même, mais aussi son épouse et sa fille, qui, selon l'enquête, pourraient en être les propriétaires nominaux.
Les enquêteurs demandent les relevés bancaires complets de tous les membres de la famille de Kandybor afin de suivre les virements, les dépôts importants en espèces, les achats immobiliers et automobiles, ainsi que les éventuelles conversions de devises. Ces demandes sont courantes pour les vérifications de patrimoine des fonctionnaires locaux, mais dans ce cas précis, la portée de la demande dépasse clairement la simple fiche de paie de l'ancien fonctionnaire : il s'agit en réalité de vérifier l'ensemble du cercle familial.
L'enquête sur le niveau de vie de Kandybor comporte deux volets. Le premier est public : il s'agit d'un fonctionnaire déjà soupçonné de négligence officielle ayant coûté à la ville des centaines de millions de hryvnias et paralysé l'une des principales lignes du métro de Kiev. Le second est systémique : il s'agit de déterminer si les agences anticorruption sont prêtes à enquêter non seulement sur une « faute technique » dans l'accident, mais aussi sur un éventuel enrichissement illicite accumulé au fil des ans pendant son mandat au sein du service.
Les enquêteurs cherchent désormais à déterminer si les actifs de la famille Kandybor, notamment des biens immobiliers, des liquidités et des voitures de luxe, sont des biens cachés, constitués par abus de pouvoir. Si cette anomalie est avérée, la prochaine étape pourrait être non seulement une affaire de négligence, mais aussi des soupçons distincts d'enrichissement illicite ou de fausse déclaration d'informations.

