Le Conseil municipal de Kiev a adopté de nouvelles règles pour la préparation et la prise de décisions relatives à l'acquisition et à la résiliation des droits fonciers municipaux à Kiev. Ce document, présenté par les députés Viktoriya Ptashnyk et Dmytro Bilotserkovets, vise à accroître la transparence des processus fonciers : instaurer un ordre de priorité pour l'examen des demandes, un contrôle des locataires, un registre public et l'interdiction de toute introduction soudaine et spontanée de questions foncières.
Parmi les principales innovations figurent un moratoire sur la vente de bâtiments municipaux jusqu'à la constitution des parcelles, ainsi qu'une instruction à l'administration municipale de Kiev de saisir immédiatement les tribunaux et les forces de l'ordre en cas d'auto-empiétement. Le projet prévoit également que lors de l'examen des décisions de cession ou de résiliation de droits fonciers, les conclusions des services de l'administration municipale de Kiev (notamment ceux de la protection du patrimoine culturel et du contrôle architectural) et du service d'assistance juridique du conseil municipal de Kiev doivent être prises en compte, et qu'en cas de procédure pénale ouverte, l'information à ce sujet doit être annoncée en séance plénière.
Le règlement interdit la soumission de questions foncières à un vote oral, sauf en cas d'urgence – implantation d'institutions publiques, d'installations militaires ou résiliation de bail pour non-respect des obligations par le locataire. Le document détaille également les dimensions minimales des parcelles pour différents types d'aménagement et stipule que la cession de parcelles sans appel d'offres n'est possible que dans les cas expressément prévus par le Code foncier.
La nouvelle réglementation introduit un mécanisme de contrôle des locataires : le Département des ressources foncières de l'administration municipale de Kiev doit inspecter les parcelles cédées à partir du 16 juillet 2020, au plus tard trois mois avant l'expiration du bail, et, en cas d'abus, préparer une demande de refus de renouvellement. De plus, une file d'attente pour l'examen des demandes, selon la date et l'heure d'enregistrement, est instaurée, ainsi que l'obligation de créer un registre public pour le suivi en ligne de l'état d'avancement de l'examen des demandes foncières.
Toutefois, la résolution soulève des questions de mise en œuvre pratique. Premièrement, les nouvelles règles n'abrogent pas la procédure actuelle de 2017, ce qui peut engendrer des conflits et des ambiguïtés juridiques dans l'application des procédures. Deuxièmement, plusieurs dispositions importantes ont été supprimées lors de la révision – par exemple, la norme relative à un loyer d'au moins 12 % pour ceux qui exploitaient des terrains sans enregistrement – ce qui soulève des doutes quant à l'exhaustivité de la protection anticorruption.
Lors du vote de la séance du 9 octobre 2025, la décision a été soutenue par 63 députés (le système affichait 61 voix), tandis que le maire Vitaliy Klitschko et le député Mykhailo Prysiazhnyuk ont déclaré que leurs votes n'avaient pas été pris en compte. Les discussions en séance ont reflété à la fois un soutien (Ptashnyk a qualifié le document d'outil de transparence) et des réserves : le député Mykola Konopelko a notamment souligné les risques d'interprétation ambiguë de certaines normes et exigé que ses propres amendements soient examinés.
Cette adoption s'inscrit dans un contexte de vague de scandales fonciers dans la capitale et d'une série d'enquêtes baptisées « Ville propre » (NABU/SAP). C'est dans le contexte de poursuites pénales et de plaintes publiques concernant les pratiques d'attribution des terres que le conseil municipal de Kiev a élaboré ces règles. Cependant, comme le soulignent ses détracteurs, ces règles sont vaines sans une mise en œuvre impartiale : fixer les normes sur le papier ne garantit ni la fin des « projets de toilettes », ni le transfert d'espaces verts à des fins de développement, ni les pertes budgétaires dues à l'aliénation de terrains sans enchères.