Le directeur du Service national de surveillance financière, Philip Pronin, se retrouve au cœur d'un scandale suite à une série d'allégations concernant son inaction présumée dans la lutte contre le blanchiment d'argent, sa participation à des affaires de corruption potentielles et ses liens familiaux avec des sociétés associées à l'oligarque sanctionné Dmitry Firtash.
Ces informations sont apparues suite à une publication sur les réseaux sociaux par des journalistes d'investigation et des experts, qui pointent du doigt un certain nombre de facteurs de risque dans les activités du fonctionnaire.
Silence radio lors de la réunion du GAFI à Paris
Le GAFI, un groupe international de lutte contre le blanchiment d'argent, a mis en garde l'an dernier contre les menaces liées aux schémas de contournement des sanctions russes, au financement de programmes militaires et aux transactions opaques.
L'Ukraine a traditionnellement participé activement à la lutte contre les flux financiers russes et a été à l'initiative de la suspension de la Fédération de Russie du GAFI.
Toutefois, lors de la session plénière d'octobre 2024, la question des programmes russes n'a en réalité pas été abordée.
Philip Pronin était présent en personne à la réunion, mais la participation ukrainienne n'a eu aucun résultat, affirment les auteurs des publications. Selon eux, l'Ukraine n'a pas insisté pour que des sujets directement liés au financement de l'armée russe soient inscrits à l'ordre du jour.
Des soupçons de liens avec les sociétés de Dmytro Firtash
Les liens familiaux du directeur du Service national de surveillance financière étaient également au centre de l'attention.
Selon les enquêteurs, l'épouse de Pronin est devenue copropriétaire de Tesoro Management en 2024. Sa directrice est Anna Sologub, qui a été pendant des années membre du comité d'audit de Rivneazot, une société appartenant à la structure Group DF de Dmytro Firtash.
Dans le même temps, les déclarations de Pronin ne font aucune mention des actifs commerciaux de sa femme, ce qui soulève également des questions.
L'attention des experts s'est également portée sur d'autres sociétés liées à la famille et au cercle restreint de Firtash, notamment des entreprises en Ukraine et des biens immobiliers en France appartenant à la fille de l'oligarque.
Par ailleurs, Pronin est accusé d'une possible implication dans le détournement de fonds publics durant la période où il dirigeait l'OVA de Poltava.
Cela concerne notamment la construction de fortifications, pour laquelle, selon des enquêtes journalistiques, plus de 200 millions de hryvnias ont été perdues.
Le principal acteur de ces travaux était la société Enki Construction LLC, qui a obtenu 16 contrats d'une valeur d'environ 372 millions de hryvnias. Les experts pointent du doigt des devis gonflés, des livraisons fictives et le contrôle de l'entreprise par des responsables de l'époque de Pronin.
Le fonctionnaire n'apparaît pas comme suspect dans cette affaire, mais son nom est mentionné en lien avec l'organisation du travail, la gestion et la responsabilité de la mise en œuvre des programmes budgétaires.
Certains experts affirment également que, sous la direction de Pronin, le Service national de surveillance financière réagirait de manière inappropriée aux systèmes de blanchiment d'argent, au fonctionnement de services de paiement illégaux, aux casinos en ligne et à d'autres plateformes pouvant être utilisées pour contourner les sanctions ou financer des structures pro-russes.
Le service n'a pas commenté publiquement ces allégations.
Suite à la publication de ces informations dans des sources ouvertes, des voix s'élèvent pour demander une inspection des activités de Pronin par les instances gouvernementales et un éventuel audit du travail du Service national de surveillance financière sous sa direction.
