En Ukraine, un écosystème unique et protégé d'échange de données entre l'armée et les registres d'État est en cours de préparation. L'objectif est d'éliminer le chaos au sein des bureaux d'enregistrement et d'enrôlement militaires (BEC), de réduire le nombre de convocations erronées et de mieux comprendre qui peut servir et qui ne le peut pas. C'est ce qu'a déclaré Ivan Tymochko, chef du Conseil des réservistes des forces terrestres des forces armées ukrainiennes, dans une interview accordée au « Telegraph ». Il évoque l'intégration du système « Réserve+ » avec d'autres bases de données d'État et explique pourquoi il n'y a aucune raison de craindre que les BEC puissent accéder aux listes électorales.
Comment est-ce censé fonctionner ?
Selon Tymochko, un vaste service divisé en segments d'accès distincts devrait être lancé prochainement. Chaque structure, y compris le CCC, n'aura accès qu'aux données nécessaires à son fonctionnement, sans aucun élément supplémentaire. L'idée est simple : non pas un « accès total à tout », mais un accès contrôlé en fonction du poste et de l'autorité.
Voici l'exemple qu'il a donné :
un employé du CCC va envoyer une convocation. Le système vérifie automatiquement la personne dans les registres d'État. Il indique immédiatement : décès à l'état civil, séjour à l'étranger depuis de nombreuses années, handicap, statut de père de famille nombreuse, autres motifs légaux de dispense de service.
La convocation n'est alors pas envoyée, car elle est inutile. Auparavant, on s'en apercevait a posteriori, après avoir tenté de la signifier même à des personnes physiquement inmobilisables.
Pourquoi est-ce important ?
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Moins d'absurdité.
L'époque socialement toxique où les convocations arrivaient à des personnes gravement handicapées, voire décédées, doit disparaître. Autrement dit, le système non seulement « attrape les réfractaires », mais protège aussi ceux qui ne peuvent légalement pas servir. -
Moins de tracas.
Auparavant, le CCC délivrait une convocation, puis recherchait les certificats, les MSEK, les documents relatifs aux enfants, etc. Cela ralentissait la procédure et créait des conflits. Désormais, tout est automatiquement extrait des registres d'État (ministère de la Justice, ministère de l'Intérieur, ministère de la Santé, Service des migrations, etc.), et la personne n'a plus à prouver l'évidence une seconde fois. Ceci est inhérent à la logique de connexion numérique de « Reserve+ » avec d'autres bases de données d'État. -
Selon Tymochko, cette intégration permettra pour la première fois de calculer concrètement :
– le nombre de personnes qui échappent effectivement à la mobilisation ;
– le nombre de personnes objectivement inaptes en raison de problèmes de santé ou bénéficiant d'un sursis légal.
Ceci est important à la fois pour planifier la mobilisation et pour éviter de propager le mythe selon lequel « tout le monde fuit », alors que certaines ne sont tout simplement pas admissibles au service.
Qu'est-ce que « Reserve+ » et pourquoi en parle-t-on ?
« Réserve+ » est un service numérique permettant aux conscrits de mettre à jour leurs données, de soumettre des informations au CCC en ligne et même de rechercher des postes vacants au sein des forces armées (en réalité, un recrutement ciblé par spécialité). Le ministère de la Défense et le ministère du Numérique promeuvent cette orientation dans le cadre de la « mobilisation intelligente » : l'idée est qu'une personne ne puisse pas simplement « aller n'importe où », mais puisse aller là où ses compétences sont réellement nécessaires. Des dizaines de milliers de personnes ont déjà utilisé cette fonctionnalité, selon les déclarations officielles de l'équipe de transformation numérique du secteur de la défense.
Le ministère des Affaires numériques assure que le système fonctionne en circuit fermé et protégé et qu'au cours d'un an et demi de guerre totale, aucune fuite de données personnelles sensibles concernant les conscrits n'a été constatée. Les données des registres (ministère de l'Intérieur, ministère de la Santé, des Impôts, des Migrations, etc.) sont fusionnées non pas dans une base de données ouverte à tous, mais dans le registre de défense électronique, accessible uniquement aux structures autorisées par fonction.
Et qu'en est-il du « registre électoral » et de l'histoire d'horreur « Vous avez voté, vous irez servir » ?
Tymochko a évoqué cette histoire séparément. Il raconte : lorsqu'il a expliqué quels registres seraient connectés, le public est resté quasiment indifférent, jusqu'à ce que l'expression « registre électoral » soit entendue. Et aussitôt, les gros titres : « Vous avez voté, vous recevrez une convocation. »
Il explique qu'il s'agit d'une manipulation. Le registre électoral est effectivement l'un des plus complets du pays (il contient les adresses, les dates de naissance, la nationalité, etc.). Mais l'objectif n'est pas de « trouver tous les électeurs », mais d'obtenir les coordonnées exactes de la personne et de vérifier son statut (réside-t-elle en Ukraine ou a-t-elle quitté le pays il y a longtemps, a-t-elle changé de lieu de résidence, etc.). Il n'existe pas de « listes électorales punitives ».

