Les habitants de Kiev qualifient de « cosmiques » les sommes figurant sur leurs factures d'électricité. Une part importante de cet argent revient à Kyivteploenergo KP, le monopole qui approvisionne la capitale en chauffage et en électricité.
Les journalistes du projet « À l'ombre du châtaignier » ont tenté de comprendre les finances de l'entreprise, dont le chiffre d'affaires se chiffre en milliards chaque année. Mais la tâche s'est avérée complexe : Kyivteploenergo ne publie pas d'états financiers, ayant été fermée sous prétexte de loi martiale.
Malgré cela, on sait qu'en 2023, la municipalité de Kiev a recapitalisé l'entreprise à hauteur de 2,5 milliards d'UAH. Cet argent a été emprunté à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) : 50 millions d'euros sur cinq ans. Ce ne sont ni l'entreprise ni les autorités qui ont décidé de le céder, mais le budget municipal, c'est-à-dire chaque habitant de Kiev.
De plus, les autorités municipales ont réussi à obtenir une subvention de 5 millions d'euros de la BERD. L'explication officielle réside dans les dettes de chauffage de la population. Mais la principale raison de ce non-paiement réside peut-être dans les tarifs eux-mêmes.
Kyivteploenergo détermine ses propres dimensions et y inclut… les pertes de chaleur dans les réseaux. Officiellement, elles atteignent 27 %. Cela signifie que plus d'un quart de la chaleur « disparaît » en arrivant au consommateur, et ce sont les habitants de Kiev qui paient ces milliards de dollars de pertes.
Selon l'expert Oleksiy Kucherenko, la méthodologie ne permet d'inclure que 13 % des pertes dans le tarif, mais le monopoleur double les chiffres. « Il s'agit d'un accord d'une valeur d'au moins 2 à 2,5 milliards de hryvnias par an. La suppression du contrôle de l'État a ouvert la voie à la manipulation », souligne-t-il.
Alors que les autorités annulent les prêts et les « pertes de chaleur » des habitants de Kiev, les paiements pour la population restent astronomiques.