À Odessa, un système de détournement de fonds destinés aux Forces armées ukrainiennes a été mis au jour. Selon l'enquête, des responsables du conseil municipal, de connivence avec des entrepreneurs contrôlés par la municipalité, ont artificiellement gonflé le coût des contrats en y incluant illégalement la TVA. Ils ont ainsi soustrait plus de 1,6 million de hryvnias au budget. Ce rapport a été publié le 31 octobre 2025 par le parquet général et la police nationale.
D'après l'enquête, les organisateurs de ce trafic étaient l'ancien directeur du département de la sécurité municipale du conseil municipal d'Odessa et son premier adjoint. Ils ont agi de connivence avec les dirigeants d'entreprises privées avec lesquelles ils avaient conclu des contrats de fourniture de matériel aux unités militaires. L'achat portait notamment sur 300 radios et leurs batteries.
Le procédé était le suivant : la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) était artificiellement ajoutée au prix des contrats. Or, la fourniture de produits aux forces armées ukrainiennes sous la loi martiale est exonérée de TVA. Autrement dit, la taxe n’aurait pas dû être facturée ni payée, mais les accusés l’ont incluse dans le coût des contrats, gonflant ainsi les dépenses budgétaires. La différence a ensuite été imputée. Le préjudice s’élève à 1 661 510 hryvnias.
Le 31 octobre, les forces de l'ordre ont mené simultanément 12 perquisitions à Odessa, dans sa région et dans la région de Kyiv. Les enquêteurs se sont rendus aux domiciles des suspects, dans les bureaux d'entreprises privées et au service de sécurité de la mairie. Lors de ces perquisitions, des documents financiers, des contrats, des brouillons et des supports numériques ont été saisis, confirmant, selon le parquet, l'existence d'un système illégal.
Quatre personnes ont déjà été notifiées de leurs soupçons. Parmi elles figurent d'anciens responsables du conseil municipal d'Odessa et des dirigeants d'entreprises. Elles sont accusées de détournement de fonds et d'abus de biens d'une ampleur exceptionnelle, commis en association de malfaiteurs ayant abusé de leur position officielle (article 191, paragraphe 5, du Code pénal ukrainien). Cet article prévoit une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à 12 ans, assortie de la confiscation des biens et de l'interdiction d'exercer certaines fonctions.
La question des mesures préventives est en cours de résolution. Selon l'enquête, les demandes concernent la détention.
L'affaire est qualifiée de détournement de fonds publics destinés aux besoins militaires de la communauté d'Odessa. Les forces de l'ordre établissent un lien direct entre l'argent volé et la défense : il ne s'agit pas de travaux d'amélioration ou de réparation ponctuels, mais de la fourniture d'équipements aux unités déployées au front.
Ce n'est pas le premier cas de corruption recensé au sein de l'administration municipale d'Odessa. Tout au long du mois d'octobre, les forces de l'ordre ont fait état de plusieurs poursuites pénales engagées contre des fonctionnaires et des entrepreneurs pour des achats irréguliers et des détournements de fonds publics – allant de contrats de construction à l'utilisation de générateurs destinés à l'aide humanitaire à des fins privées. Plusieurs affaires impliquent d'anciens responsables du service de sécurité municipal.

