La Commission européenne travaille à une solution juridique qui priverait Budapest de la possibilité de bloquer la prolongation des sanctions contre la Russie, une condition essentielle pour l'utilisation de plus de 140 milliards d'euros d'actifs russes afin de soutenir l'Ukraine, ont rapporté des sources de Politico.
La Belgique, où est implanté le géant de la compensation Euroclear, craint que si les sanctions contre Moscou ne sont pas prolongées à l'unanimité, elle soit contrainte de restituer à la Russie des milliards d'euros de bénéfices perdus sur des actifs gelés. C'est pourquoi Bruxelles plaide pour un mécanisme qui permettrait d'éviter les risques liés à un vote unanime.
Les sanctions de l'UE contre la Russie doivent actuellement être renouvelées tous les six mois et nécessitent l'approbation unanime de tous les États membres, ce qui donne au Premier ministre hongrois Viktor Orban le pouvoir de bloquer cette décision et de compromettre le programme d'utilisation des recettes provenant des actifs russes.
Pour éviter cela, la Commission européenne propose d’appliquer l’article 122 du traité sur l’UE, qui autorise le vote à la majorité qualifiée si la situation économique et la « solidarité entre les États membres » l’exigent.
Les juristes de l'UE ont déjà confirmé qu'une telle interprétation de l'article est possible, la suspension des sanctions entraînant des risques économiques pour l'ensemble de l'Union. Le recours à cette disposition permettrait :
— priver la Hongrie de la possibilité de bloquer le renouvellement des sanctions ;
— prolonger les sanctions non pas tous les six mois, mais tous les trois ans ;
— garantir la sécurité du mécanisme d’aide financière à l’Ukraine provenant des bénéfices tirés des actifs russes.
La Belgique, qui détient la part du lion des avoirs russes, craint qu'en cas de levée des sanctions, elle ne soit légalement tenue de restituer les fonds russes gelés. Cela inclut des dizaines de milliards d'euros qu'Euroclear a perçus au titre des bénéfices tirés de transactions portant sur des actifs russes.
C’est ce risque qui a empêché Bruxelles de s’entendre sur un modèle financier pour l’aide à l’Ukraine. Par conséquent, une « garantie » juridique de la Commission européenne est essentielle.
Selon Politico, la Commission européenne cherche à convaincre le Premier ministre belge Bart De Wever de soutenir le projet de loi une fois le mécanisme juridique prêt.
La question est entièrement liée aux échéances : si les accords échouent d'ici avril, le budget de l'Ukraine pourrait être épuisé, ce qui mettrait en péril la stabilité des finances publiques pendant la guerre.
Un sommet de l'UE se tiendra le 18 décembre, au cours duquel les dirigeants discuteront des avoirs russes et du train de sanctions. La proposition complète de la Belgique concernant un mécanisme de prêt est attendue le 3 décembre.

