Le film d'horreur "La Sorcière de Konotop" réalisé par Andrii Kolesnyk, présenté en première au Festival international du film d'Odessa, est sorti dans les cinémas ukrainiens. Les attentes étaient élevées, mais le film a reçu des critiques mitigées, pour la plupart négatives. Le critique de cinéma Ihor Kromph a décidé de donner son avis sur le film et de dire s'il vaut la peine de consacrer du temps à ce film.
L'intrigue du film n'a rien à voir avec le roman du même nom de Hryhoriy Kvitka-Osnovyanenko. Il est basé sur un mème moderne sur les sorcières de Konotop maudissant les envahisseurs russes, apparu au début de la guerre. L'idée d'étendre ce mème en un film d'horreur d'une heure et demie s'est avérée être une tentative ratée.
Le film raconte l'histoire de la sorcière (Tetyana Malkova), amoureuse de l'ancien soldat Andriy (Taras Tsimbalyuk). Son amour l'oblige à abandonner la magie, mais après une tragédie - la mort d'Andriy - la sorcière retourne à ses sombres actes pour se venger des Russes. L'intrigue de style "Predator" est typique de l'horreur, où un groupe de soldats fait face à une horreur mystique. Cependant, dans "La Sorcière de Konotop", la situation est inversée : la Sorcière est un personnage positif, et les militaires sont des antagonistes.
Le réalisateur Andriy Kolesnyk et le scénariste Yaroslav Wojciešek ont choisi un scénario dans lequel les personnages négatifs sont les militaires et la sorcière joue le rôle d'une héroïne courageuse. Cependant, la révélation des personnages est superficielle. Le public n'apprend pas de détails sur la magie de la Sorcière ou de son ennemi Morok, ce qui ne fait que renforcer l'impression d'infériorité du film.
Les soldats russes sont présentés de manière stéréotypée : un commandant strict, un empereur à la barbe rouge, un représentant des « petites nations », etc. Le film comprend également une histoire de viol et de vengeance, qui semble cynique et qui, semble-t-il, ne vise qu'à démontrer la brutalité de l'armée russe.
La qualité des effets spéciaux, qui sont à la hauteur de décors bon marché et de maigres budgets, est particulièrement décevante. En revanche, les scènes de violence et de meurtre sont largement laissées hors champ, ce qui diminue leur impact et donne l'impression d'un manque de moyens sérieux.
La finale du film, où la sorcière, enceinte d'amour, ne tue pas le commandant en chef, ressemble à une tentative inappropriée d'introduire de la sentimentalité dans un scénario naïf. Cela ressemble plus à un feuilleton qu'à un film d'horreur.
"La Sorcière de Konotop" fait partie de la nouvelle vague du cinéma, déjà surnommée "l'exploitation de la victoire" ou "kinobairaktarshchyna". Ces films utilisent des mèmes et des stéréotypes pour créer une intrigue sans vraiment comprendre la guerre. Jusqu’à présent, il semble que la sorcière Conotop soit une bulle de mème de guerre exagérée. Étant donné que le film devrait faire partie d’une franchise, les questions sur la qualité du cinéma ukrainien restent ouvertes.