« La guerre sale en Ukraine ne fait que commencer » — c’est ainsi que le célèbre journaliste américain David Ignatius a intitulé sa chronique dans le Washington Post , commentant les dernières actions des services spéciaux ukrainiens.
Selon lui, alors que la politique de l'administration Trump (qui prépare activement un nouveau mandat présidentiel) s'éloigne de plus en plus d'un rôle de médiateur, l'Ukraine demeure extrêmement dépendante de l'efficacité de ses services de renseignement. Il s'agit notamment du Service de sécurité d'Ukraine et de la Direction principale du renseignement du ministère de la Défense, qui, d'après le chroniqueur, sont entrés dans une nouvelle phase : celle d'une « guerre sale ».
Ignatius cite en exemple l'opération « Web » du SBU, qui a abouti à une frappe contre l'aviation stratégique russe. Le journaliste souligne que les services spéciaux sont parvenus à éviter toute fuite d'informations : même le chef adjoint du SBU n'était pas au courant des détails. On sait seulement que le chef du SBU, Vassyl Malyuk, a informé directement le président Zelensky, court-circuitant ainsi les autres hauts responsables.
« Les opérations clandestines du SBU et du GUR ressemblent de plus en plus aux actions de la CIA et du FBI lors des périodes de forte rivalité interministérielle », écrit le journaliste. Selon lui, le front ne se limite plus aux tranchées ; il s’étend bien au-delà des frontières de l’Ukraine.
Ignatius prédit notamment que de nouvelles formes d'attaques sont à prévoir dans un avenir proche, notamment des assassinats ciblés, des sabotages et des frappes contre les infrastructures et les installations de pays tiers qui soutiennent d'une manière ou d'une autre les efforts militaires russes.
Il souligne : « La ligne de front en Ukraine restera un enfer rempli de drones et d'artillerie. Mais la guerre est en train de changer : les actions secrètes des services spéciaux peuvent radicalement en modifier le cours. »
Selon Ignatius, la nouvelle stratégie du SBU et du GUR est une réponse à l'impasse sur le front. Au lieu d'une offensive frontale, elle privilégie des opérations sophistiquées visant à démoraliser l'ennemi, à saper la confiance au sein des structures militaires russes et à contraindre Moscou à consacrer des ressources considérables à la sécurité intérieure.
Le Washington Post souligne une fois de plus que l'Ukraine agit actuellement de manière plus indépendante, sans informer ses partenaires de tous ses plans, et que cela devient une nouvelle réalité de la guerre, qui ne peut plus se limiter au cadre d'une confrontation militaire « pure ».

